Le ministre israélien de la Défense Amir Peretz, sévèrement critiqué dans un rapport officiel sur les échecs de la guerre au Liban, devrait démissionner mercredi 2 mai, ont rapporté les médias israéliens, citant son entourage.
Selon les radios publique et militaire, Amir Peretz "doit annoncer sa démission dans les heures à venir".
"M. Peretz a pris cette décision, prenant acte des conclusions du rapport. Il entend ainsi se conformer aux normes de comportement requises pour ceux qui exercent des responsabilités publiques", a déclaré un de ses proches, cité sur le site du quotidien Maariv.
Amir Peretz, chef du parti travailliste, est en poste depuis mai 2006. Des primaires au sein du parti sont prévues le 28 mai.
Olmert appelé à démissionner
Le Premier ministre Ehoud Olmert a de son côté été appelé à la démission, mercredi 2 mai, par le chef du groupe parlementaire de son propre parti, Kadima, à la suite du rapport de la commission d’enquête.
"Le Premier ministre doit agir", a déclaré Avigdor Itzchaky à la radio publique, "Il doit prendre la décision de démissionner afin que le Kadima puisse exercer son mandat, car je ne pense pas qu’il y ait des élections anticipées en vue". "Le parti Kadima doit choisir son chef pour les trois ans restants de la législature", a-t-il ajouté.
Avigdor Itzchaky a précisé qu’il ne parlait pas au nom de la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, souvent pressentie pour succéder à Ehoud Olmert à la tête de la formation centriste.
Tzipi Livni devrait faire connaitre son point de vue au cours de la matinée de mercredi.
Guerre au Liban
Sous couvert d’anonymat, un responsable de Kadima a déclaré qu’il existe une majorité de députés du parti centriste soutenant les appels à la démission du Premier ministre.
Ehoud Olmert est critiqué par la commission d’enquête sur la guerre au Liban de l’été dernier, qui a rendu public son rapport lundi. Depuis, les appels à une démission du Premier ministre se sont multipliés.
Dans ses conclusions, le rapport épingle aussi durement le ministre de la Défense Amir Peretz ainsi que l’ex-chef d’état-major Dan Halutz, qui a démissionné en janvier.
Tzipi Livni demande à Ehoud Olmert de démissionner et veut prendre sa place à la tête du parti Kadima
La ministre des affaires étrangères israélienne, Tzipi Livni, a appelé, mercredi 2 mai, le premier ministre Ehoud Olmert à démissionner, à la suite de la publication du rapport Winograd sur les ratés de la guerre au Liban.
"Je lui ai dit que la démission était la bonne mesure à prendre", a affirmé Mme Livni lors d’une conférence de presse à Jérusalem, à l’issue d’une réunion avec M. Olmert. "Ce n’est pas un problème personnel entre moi et le premier ministre. Ce sujet est plus important que nous", a-t-elle poursuivi, soulignant qu’elle ne comptait, pour sa part, pas démissionner afin de "mener à bien les réformes". "Il est temps aujourd’hui de rétablir la confiance de l’opinion publique dans le gouvernement", a-t-elle ajouté.
Nouvelle démission côté travailliste
A peine quelques minutes après les déclarations de Mme Livni, Avigdor Itzchaky, chef du groupe parlementaire de Kadima, a annoncé qu’il quittait son poste afin de protester contre le refus d’Ehoud Olmert de démissionner. M. Itzchaky avait déjà fait savoir qu’un départ de M. Olmert était une condition nécessaire pour que "Kadima puisse exercer son mandat". Le groupe parlementaire du parti doit se réunir mercredi à 18 heures locales (17 heures à Paris) afin d’examiner le rapport Winograd.
Aux yeux de Mme Livni, un éventuel départ de M. Olmert ne doit toutefois pas mettre en cause la survie de l’actuel gouvernement. Elle a annoncé que des élections législatives anticipées seraient "une erreur". Elle a également indiqué qu’elle "envisage de présenter [sa] candidature" pour prendre la direction du parti centriste Kadima, lors des élections primaires de la formation politique. Un conseiller politique de M. Olmert, Tal Zilberstein, a affirmé à la télévision israélienne que Mme Livni "doit partir" après avoir désavoué publiquement le premier ministre.
Depuis la publication du rapport, la presse locale a fait ses gros titres sur la confrontation qui se profile entre M. Olmert et Mme Livni. Le quotidien Yediot Aharonot affirme que Mme Livni, la ministre la plus populaire du cabinet Olmert, "a décidé de devenir Premier ministre. Elle est convaincue qu’elle peut le faire et elle veut le faire". Un sondage, publié mercredi, montre en effet que 65 % des Israéliens veulent que Tzipi Livni devienne Premier ministre en cas de départ d’Ehoud Olmert.
Le Monde :http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-904619,0.html?xtor=RSS-3208
Principaux extraits du rapport d’enquête sur la guerre au Liban
Principaux extraits du rapport d’enquête israélien sur la conduite de la guerre au Liban, rendu public lundi, qui conclut notamment à une "grave défaillance" du Premier ministre Ehud Olmert :
– "Certains des buts déclarés de la guerre n’étaient pas clairs et ne pouvaient pas être atteints"
– "La décision de répondre (à la capture de deux soldats israéliens) par une frappe militaire immédiate et intense ne se fondait pas sur un plan militaire détaillé, complet et autorisé"
– "La principale responsabilité de ces graves défaillances repose sur le Premier ministre, le ministre de la Défense et le chef d’état-major. Nous distinguons ces trois (responsables) parce qu’il est probable que, si l’un d’eux avait mieux agi, les décisions prises dans la période concernée et la manière dont elles ont été prises, ainsi que l’issue de la guerre, auraient été sensiblement meilleures"
Sur le Premier ministre Ehud Olmert :
– "Le Premier ministre porte la responsabilité suprême et globale des décisions de son gouvernement et des opérations de l’armée (...). Le Premier ministre a pris sa décision hâtivement, malgré le fait qu’aucun plan militaire détaillé ne lui avait été soumis et sans en avoir demandé"
– Ehud Olmert "a apporté une contribution personnelle au fait que les buts (de guerre) déclarés étaient trop ambitieux et non réalisables"
– "Tout cela aboutit à une grave défaillance dans l’exercice du jugement, de la responsabilité et de la prudence"
Sur le ministre de la Défense Amir Peretz :
– "Le ministre de la Défense n’avait pas la connaissance ou l’expérience (requise) des questions militaires, politiques ou gouvernementales. Il n’avait pas non plus une bonne connaissance des principes de base du recours à la force militaire pour atteindre les objectifs politiques"
– "Par voie de conséquence, son action comme ministre de la Défense durant la guerre a affaibli la capacité d’Israël à bien répondre à ses défis"
Sur le général Dan Halutz, chef d’état-major de l’armée :
– "L’armée et le chef d’état-major n’étaient pas préparés" à réagir à l’enlèvement de deux soldats israéliens le 12 juillet par le Hezbollah libanais, incident à l’origine de la guerre. "Lorsque l’enlèvement a eu lieu, (le général Halutz) a répondu de manière impulsive (...). Le chef d’état-major n’a pas alerté le gouvernement sur les graves carences dans la préparation et la forme physique des forces armées en vue d’une longue opération terrestre, si cela devenait nécessaire"
– "La responsabilité du chef d’état-major est aggravée par le fait qu’il savait bien que tant le Premier ministre que le ministre de la Défense manquaient du savoir et de l’expérience adéquats dans ces questions et par le fait qu’il les avait conduits à croire que (l’armée) était prête et préparée et avait les plans opérationnels adaptés à la situation"
– "Par tout cela, le chef d’état-major a échoué dans ses fonctions de commandant en chef de l’armée et de membre crucial des autorités politico-militaires et a fait preuve de défaillances dans le professionnalisme, la responsabilité et le jugement".
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